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Les monteurs associés : une association, pourquoi…?

Les professionnels du montage ressentent la nécessité et l’urgence de se doter d’un espace de paroles et d’échanges sur leur travail. Réfléchir, analyser ensemble, pour mettre en oeuvre des moyens d’agir, de réagir.

S’associer, c’est sortir de l’isolement, passer du non-dit, de la plainte, à la mise en mouvement d’une dynamique. La parole collective permet les initiatives, les actions. L’association doit devenir un interlocuteur auprès des pouvoirs publics (Ministère de la Culture, CNC, etc … ), des employeurs, des institutions, pour prendre en charge le devenir de nos métiers.

L’association doit permettre de renouer des liens avec nos collègues, des rencontres avec les réalisateurs, les ingénieurs du son et les directeurs de production sont prioritaires.

Les conditions d’exercice de notre métier ont été bouleversées par l’utilisation de nouveaux outils (montage sur ordinateur). Ces outils informatiques ont permis à nos employeurs, les producteurs, de mettre en marche, consciemment ou inconsciemment, le démantelement de notre profession.

La suppression des postes d’assistant et de stagiaire (déjà amorcée dans la pratique du montage dit “vidéo”) se généralise jusqu’à remettre en cause l’existence même de “l’équipe”.

Le terme ” montage assisté par ordinateur ” est un aveu, clairement déclaré.

Nos employeurs invoquent des motifs d’ordre économique donc budgétaire, et certains d’entre eux vont jusqu’à demander : ” un assistant… mais pour quoi faire ? “

Cette nouvelle organisation du travail a une conséquence claire, directe, visible : la fin de la chaîne de la transmission d’un savoir faire, d’un métier ; la disparition de l’apprentissage “in vivo” élément essentiel pour acquérir les repères nécessaires à l’exercice de ce métier, à la fois technique et créatif.

Pouvons-nous continuer à laisser faire… ?

Nous pouvons agir et demander au CNC, organisme public, de prendre des dispositions pour faire cesser cette politique. Le CNC est l’organisme de tutelle de l’industrie cinématographique et audiovisuelle. Il doit respecter ses propres règlements.

Les critères d’attribution de la Carte d’identité Professionnelle CIP (quoique l’on puisse penser de la validité de cette ” reconnaissance professionnelle “) prévoient qu’il faut avoir effectuer trois stages pour devenir assistant monteur et six assistanats pour être qualifié de chef monteur.

Le CNC attribue le fond de soutien (cinéma) et le COSIP (audiovisuel) à condition toutefois que les films et les programmes soient produits en respectant la légalité et la réglementation.

Les dossiers de long-métrages présentés à la Commission d’Agrément ne mentionnent plus toujours le titulaire du poste d’assistant monteur et souvent les contrats de ceux-ci ne recouvrent pas la totalité de la période, du montage.

Comment le CNC peut-il assumer de telles contradictions ?

Nous nous adressons solennellement à Madame la Ministre de la Culture ainsi qu’à Monsieur leDirecteur Général du Centre National de la Cinématographie pour qu’ils prennent la mesure de la gravité de la situation à laquelle notre profession est confrontée.

Nous nous adressons à nos employeurs-producteurs (du cinéma et audiovisuel) pour qu’ils prennent la mesure de notre mécontentement.

Nous attendons des actes responsables pour que l’avenir s’éclaircisse.

Si nous avons besoin de travaiIler en équipe, ce n’est pas uniquement pour assurer la passation de la culture d’un métier mais parce que tous, chef, assistant et stagiaire avons notre part de travail dans cette étape de fabrication d’un film, d’un programme.

Au cours du montage, les assistants et les stagiaires ont des tâches précises à effectuer dont le chef de poste doit être déchargé pour se consacrer au montage du film à faire, pour accompagner le réalisateur dans l’accomplissement de son projet.

La situation n’est pas identique sur toutes les productions, nous le savons, mais il est urgent de définir la composition d’une équipe minimum.

Un groupe de monteurs peut prendre en charge la rédaction d’un argumentaire qui servira à étayer notre position dans la négociation que nous souhaitons obtenir avec les producteurs.

Aujourd’hui, hélas, dans beaucoup de cas, l’exercice du métier d’assistant monteur ne répond plus à la définition de fonction de ce poste.

Les producteurs, toujours économes, font appel à des sociétés de prestation de service qui leur louent les machines et les hommes pour la numérisation des rushes.

Ainsi, les jeunes gens et les jeunes filles sont payés à l’heure, travaillent la nuit à des cadences qui peuvent atteindre 24 heures d’affilées et ne voient du montage que la mention ” assistant monteur ” figurant sur leurs-fiches de salaires, (Assedic oblige … ).

Pouvons-nous tolérer que cette situation perdure ?

La profession, unie, réclame, pour le cinéma et l’audiovisuel, l’exception culturelle. Est-ce au nom de la culture que nous devons occulter ce qui se passe derrière les écrans des ordinateurs ?

Allons-nous continuer à monter des films sur les droits de l’homme en fermant les yeux sur une telle exploitation ?

Nous pouvons faire que le silence se brise au nom de la morale tout simplement.

Au fil des années, nos conditions de travail se sont dégradées. Les nouveaux outils ont aussi servi de prétexte pour réduire considérablement les durées prévues pour le montage.

L’ordinateur, ça va vite, mais les plans, le film à faire résistent. Raconter une histoire, mettre en place un récit, c’est un parcours. Et le chemin doit être suivi avec ses détours, en prenant le temps de trouver le mouvement intérieur qui fait que le film respire, vit…

Nous voulons du temps et de l’air.

Nous pouvons confronter nos expériences professionnelles pour réfléchir aux durées nécessaires au montage des films, en tenant compte de certains éléments fiction, documentaire, scénario, quantité d’heures de rushes, etc.

Les salles de montage doivent être des lieux propices au travail… Nous ne pouvons plus respirer dans les salles, cellules sans fenêtre, polluées des nuisances du ronflement des disques durs.

L’oxygène n’est pas nocif pour la création, les monteurs ne sont pas des plantes vertes.

Donc de l’air, de l’espace, du calme, pour que la lumière envahisse les films.

Et pourquoi pas des lieux de postproduction avec piscine, jacuzzi et massages.

On peut aussi rêver ensemble…

Une simple lecture de la grille des salaires minima conventionnels suffit pour constater que le chef monteur est le moins bien considéré des chefs de poste. Il est évalué à 50% de moins que le responsable de l’image.

Cette dévaluation est datée, elle est l’héritage d’une certaine vision de l’organisation du travail dans le cinéma.

Nous nous sommes trop longtemps contentés de cet état de fait. Il faut exiger une réparation immédiate (avec dommage et intérêts … ), nos métiers doivent être repositionnés, nos salaires réévalués de manière substantielle pour tenir compte de la place qui revient au montage dans le processus de fabrication des oeuvres et des programmes.

Notre association doit prendre en charge cette réhabilitation…

Considérer le montage, c’est aussi rendre au chef monteur ses prérogatives et ses responsabilités.

La fragmentation des différentes opérations de montage (facilitée, là encore, par les nouveaux outils) fragilise la place du chef monteur qui peut se voir exclu de la finalisation du film (mixage).

Les productions confient souvent le montage son et le mixage à des sociétés de prestation qui gèrent de façon autonome ces opérations devenues ” services “.

En dissociant ainsi l’image du son, on veut réduire le rôle du chef monteur, redéfinir sa fonction et défaire les liens créés avec le réalisateur, lors du processus d’élaboration du montage.

Cette organisation du partage des tâches a un autre but : isoler le réalisateur, l’affaiblir dans cette ultime étape de la concrétisation de son projet.

C’est une atteinte à la liberté de création qui compromet la qualité des oeuvres.

Le dialogue avec les réalisateurs s’impose, nous devons initier cette démarche et tenter de mettre au point des stratégies pour résister ensemble à cette nouvelle politique de production.

Voilà quelques objectifs que nous vous proposons. Ils sont à discuter. Il faut enrichir et affiner, ouvrir d’autres chantiers.